"TROU NOIR"
- gilbertprovaux
- 14 mars 2021
- 1 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 oct. 2023
Et celles et ceux qui s’en sont allés
Celles et ceux qui s’en vont déjà, toujours déjà,
Me parlent à moi
De plus en plus haut
De plus en plus clair
Pourquoi t’attardes-tu ?
Aurais-tu quelqu’affaire à régler
Quelqu’histoire en suspens
Quelqu’œuvre à terminer
Que rien n’arrivera

Rien.
Si je vous entends si bien
C’est que je suis à vous
Mais ne vous rejoindrai pas
Foule innombrable réunie
Au fond de ma cervelle
Où blanchit ma mémoire
Tes lueurs vacillantes
Ne manquent point d’éclat
Fidèles ô mes fantômes
Je n’ai jamais été qu’une toupie lancée
Sur les planches pourries
D’un théâtre posthume
Que déserte elle-même
La mort dans mon costume

Une citadelle meurtrie
Sous le sable se terre
Une usine baroque
Mâche des herbes folles
Bloc durci au sulfure
Ô taudis empesté
Vous m’avez habité
J’étais en vos hantises
Et j’ai tout inventé

J’étais nu dans la ville
J’ai passé vos chemises
Vos pantalons râpés
De l’un de vous
L’écharpe s’est pendue à mon cou
D’autres les cheveux fous
Dispersés sur mon crâne
Des esthètes le manteau me chauffait
Le caban de marine pour braver les marées
Il fallait que je parle
Je parlais comme vous
Vous m’avez inventé.
Aujourd’hui ? Qu’y a-t-il aujourd’hui ?
Vous voilà plus nombreux
Vous n’êtes plus qu’à moi, ils vous ont oubliés
Et vous déambulez le long du boulevard
Lorsque, la nuit tombée, on l’aide à se relever
On lui offre nos bras

Sur les rives amères
Vous comptez les galets
J’attends une grand’voile
Les phares de Baudelaire
Luisaient éternellement
Les nôtres s’éteignent, inexorablement
Ainsi que vos lumières
Ô mes fidèles
Ce monde misérable s’effondre sur lui-même
Comme une étoile en un trou noir.
Gilbert Provaux
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